Fête de la science 2024 au campus CNRS d’Orléans

Pour sa 33^e édition, la Fête de la science est placée sous le signe d’un « Océan de savoirs » ! La région Centre-Val de Loire a donné rendez-vous du 4 au 14 octobre 2024 pour célébrer la science à travers un riche programme.

Initiée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la Fête de la science est le rendez-vous incontournable qui célèbre les sciences, les techniques et les innovations. Chaque année, plus d’un million de visiteurs se rendent sur les milliers d’événements gratuits et accessibles à tous, organisés partout en France, afin de découvrir les sciences de façon ludique et festive.

Les samedi 5 et dimanche 6 octobre, entre 10 h et 18 h, le campus CNRS d’Orléans-La Source a ouvert ses portes au grand public. Pour cette nouvelle édition, les laboratoires ont expliqué leurs travaux, fait visiter leurs installations et pris le temps d’échanger avec les visiteurs. Étaient aussi présents d’autres établissements de recherche comme le BRGM, l’INRAE, l’INRAP, l’Université d’Orléans, le MOBE et des associations qui font au quotidien des actions de médiation scientifique.

L’Institut de recherche et d’histoire des textes a proposé des ateliers d’écriture pour reproduire la gestuelle des scribes et découvrir les différents types d’écriture, une enquête à la recherche de manuscrits volés, des conférences sur le bestiaire médiéval et l’émergence du chant médiéval ainsi qu’un atelier sur les palimpsestes à la recherche des textes cachés dans les manuscrits.

Découvrir le geste du copiste : viens écrire ton nom comme un scribe ! par Maria Gurrado (IRHT), Matthieu Exbrayat (LIFO) et Sylvie Treuillet (PRISME)

Cet atelier destiné à un public jeune a permis de découvrir les instruments d’un copiste du Moyen Âge, sa gestuelle de l’écriture à travers un système 3D de numérisation, d’analyse multidimensionnelle et de modélisation. Cet atelier est une adaptation du programme IDEM (Identification du ductus des écritures médiévales).

À la poursuite des manuscrits volés par Emmanuelle Kuhry (IRHT)

Il s’agit d’un jeu d’enquête qui met les joueurs dans la peau de Félix Boucly, procureur du roi en 1846, qui doit enquêter sur la provenance des manuscrits dont on pense qu’ils ont été acquis frauduleusement par Guillaume Libri, mathématicien italien et secrétaire de la Commission générale du Catalogue des manuscrits des bibliothèques de France.

Les joueurs sont mis face à la reproduction en trois dimensions de trois manuscrits, provenant pour deux d’entre eux, de l’abbaye de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire et volés par Libri dans la bibliothèque d’Orléans, et pour le troisième, de l’abbaye de Clairvaux, et volé dans la bibliothèque de Troyes.

L’objectif est de rassembler suffisamment d’indices, qui se trouvent dans les volumes et sous les objets (petite bouteille d’acide chlorhydrique) sous forme de QR-code à flasher. Parmi les indices : ex-libris effacés, à lire au moyen d’une lampe à UV, et cote ancienne. Chaque QR-code mène à un questionnaire en ligne donnant également quelques éléments d’explication sur la typologie des manuscrits et les marques de possession.

Le questionnaire final permet de s’assurer que le joueur a bien identifié la provenance des volumes et le mode opératoire de Libri, et donne la suite de l’histoire : acculé et sur le point d’être arrêté, Libri parvient à vendre en 1847 presque 2 000 manuscrits au comte d’Ashburnham, un riche collectionneur anglais, et quitte la France. Trente ans après le rapport de Félix Boucly, Léopold Delisle démontre la provenance française de 200 volumes des fonds Libri et Barrois (un autre escroc notoire) au sein de la collection Ashburnham, et parvient à les faire racheter par la Bibliothèque nationale avant que le reste de la collection ne soit vendu à l’État italien et n’aboutisse à la Bibliothèque laurentienne de Florence, où il se trouve aujourd’hui.

Des bêtes, des monstres et des hommes : à l’origine des bestiaires du Moyen Âge par Emmanuelle Kuhry (IRHT)

La présentation de 15 minutes donne un aperçu de la longue histoire de la transmission du texte du bestiaire latin au Moyen Âge à partir de la rédaction et de la diffusion du Physiologus grec, un recueil de 48 chapitres associant propriété ou nature d’un animal et interprétation chrétienne, appuyée par des citations bibliques. La présentation se conclut par un aperçu de l’importance de la diffusion des motifs des natures du Physiologus dans l’histoire de l’art et dans la culture populaire.

Entendre les voix et les sons dans les manuscrits autour de l’an mille par Jean-François Goudesenne (IRHT)

Lire et entendre les sons dans les manuscrits ; comment apprenait-on la musique en l’an mille ? Présentation de quelques découvertes de chants et de témoins manuscrits notamment à partir du Psautier à l’usage d’Angers, conservé à la bibliothèque municipale d’Amiens. [Lien vers l’animation proposée.]

Voir au-delà du visible ! des textes cachés dans les manuscrits par Gilles Kagan (IRHT)

Depuis mars 2023 l’IRHT s’est doté d’une station de numérisation multispectrale Phase One MSI Rainbow qui permet de révéler des contenus cachés, de voir les écritures effacées des manuscrits brûlés et de localiser des palimpsestes. Elle permet également à partir d’une méthode non invasive de produire des images de grande qualité pour analyser les substances et les surfaces des supports afin de caractériser la distribution et la composition des matériaux.

À l’occasion de la Fête de la science, un exemple de traitement d’un texte effacé du VIII^e siècle est développé, donnant un aperçu des méthodes et des techniques d’analyses multispectrales pour lire les textes invisibles.

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